Agriculture durable : quand l’innovation est pénalisée

Depuis plusieurs années, je m’efforce de mettre en œuvre des pratiques agricoles durables sur ma ferme de 8 hectares. Ma vision : réduire l’empreinte écologique de mon activité tout en préservant l’environnement. Pourtant, mon expérience montre que les politiques de soutien agricole sont parfois en décalage avec la réalité du terrain.

En 2020, j’ai investi dans un tracteur électrique, un choix mûrement réfléchi pour réduire les émissions de CO2 de mon exploitation. J’ai alors déposé une demande de subvention, qui m’a été refusée sous prétexte que cet achat avait été réalisé avant le lancement du programme de soutien pour ces équipements.

En 2023, j’ai acheté une sarcleuse, une machine qui me permet de diminuer et simplifier le travail du sol. Cependant, conscient que cette acquisition n’entrait pas dans la période d’éligibilité des subventions, je n’ai même pas tenté de demander un soutien.

Toujours en 2023, j’ai initié un projet d’agroforesterie : plus de quarante arbres ont été plantés pour favoriser la biodiversité, lutter contre l’érosion et atténuer les impacts du réchauffement climatique. Pourtant, en 2024, j’ai été pénalisé de 560 CHF sur mes paiements directs pour ne pas avoir atteint les 7 % requis de surfaces de promotion de la biodiversité. Ironie du sort, près de 50% des arbres haute tige que j’ai plantés ne sont pas pris en compte dans ce calcul, car une règle stipule que les arbres hautes tiges ne peuvent pas compter pour plus de 50% des surfaces de promotion de la biodiversité. Je n’ai reçu, à ce jour, aucune réponse au courrier que j’ai adressé à la cheffe du département concerné, Mme Dittli

En parallèle, je propose une démarche constructive : que le Service de l’agriculture soit plus flexible et en phase avec la réalité des exploitations. Pourquoi ne pas envisager des stages pratiques pour les collaborateurs du Service, afin qu’ils puissent mieux comprendre nos défis quotidiens ?

Je reste convaincu qu’une agriculture durable est la clé de notre avenir. Mais pour y parvenir, nous avons besoin d’un soutien adapté, cohérent et juste.

Written By Guy Corbaz

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1 Commentaire

  1. Philémon Clément

    Un immense bravo pour le témoignage de M. Guy Corbaz, dans le 24 heures du samedi 30 novembre 2024 sur les tracasseries administratives. Oui, il faut bien occuper d’une manière ou d’une autre des chefs de service et leurs adjoints grassement payés à l’OFAG et hors de la réalité du terrain.
    Courage à vous les agricultrices et agriculteurs !

    Réponse

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